Déclin des abeilles et des pollinisateurs : pourquoi s'inquiéter ?

          C'est à Besançon, en Franche-Comté, que se sont tenues les 28, 29 et 30 Juin 2018 les premières assises nationales sur les insectes pollinisateurs en ville. Je tiens tout d'abord à féliciter la ville de Besançon pour tous les efforts qu'elle fait pour favoriser la biodiversité et ce depuis de nombreuses années. L'organisation d'un événement scientifique majeur tel que celui-ci démontre bien l'engagement de la mairie et nous ne pouvons que les en remercier.

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          On peut légitimement se demander pourquoi ces fameux insectes pollinisateurs, dont on entend régulièrement parler, sont-ils si importants ? Il est vrai que c'est une question très actuelle. Le 27 Avril dernier, l'Union Européenne a interdit l'utilisation de 3 néonicotinoïdes (des insecticides), jugés dangereux pour les abeilles. Au mois de Mai, c'étaient les apiculteurs bretons qui manifestaient suite à l'hécatombe dans leurs ruches. Il faut dire que la situation semble catastrophique : de 30 tonnes (environ) de miel produites annuellement en France dans les années 80, nous sommes descendus à 10 tonnes dans les années 2010.

L’abeille européenne est la première représentante des insectes pollinisateurs. Crédit photo : JR-Guillaumin - Flickr

L’abeille européenne est la première représentante des insectes pollinisateurs.
Crédit photo : JR-Guillaumin - Flickr

          Pourtant, si cela est bel et bien un problème, il ne faut pas oublier le premier service que nous rendent les abeilles, le plus important : la pollinisation. En butinant, les abeilles se couvrent de pollen, qu'elles vont transporter et déposer sur une autre fleur, permettant ainsi la reproduction de la plante et la production de graines. C'est un processus absolument vital pour un très grand nombre d'espèces végétales. Mais c'est également un processus d'une importance critique pour l'Humanité. La population mondiale augmente de plus en plus rapidement et devrait atteindre 10 milliards d'humains d'ici 2050. Alors que les terres cultivables viennent déjà à manquer, le problème de l'alimentation croît. A travers le monde, ce sont 80% des plantes cultivées qui sont pollinisées par des insectes, ce qui représente 35% du poids total produit annuellement dans le monde. Les autres plantes cultivées dépendent de l'eau et du vent pour la reproduction (comme le riz ou le maïs, ce qui explique le pourcentage restreint du tonnage produit grâce aux insectes).

Le pollen est très visible chez certaines espèces, comme chez cet hibiscus rouge. Il permet d’assurer la reproduction de la plante et donc la survie de l’espèce !

Le pollen est très visible chez certaines espèces, comme chez cet hibiscus rouge. Il permet d’assurer
la reproduction de la plante et donc la survie de l’espèce !

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           Les insectes sont donc responsables de notre sécurité alimentaire. Et l'impact économique qui y est lié est simplement ahurissant : pour la France seule, on estime à 1,5 milliards d'euros le bénéfice annuel que représente la pollinisation par les insectes. Et c'est sans inclure tous les produits de l'abeille : le miel, la cire, la gelée royale et la propolis. Et au-delà de cet impact économique, la biodiversité dépend énormément de ces insectes pollinisateurs. 97% des plantes dites supérieures en dépendent pour leur reproduction. La disparition des insectes pollinisateurs serait donc une catastrophe écologique, économique et humaine.

          Et pourtant, d'après l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), 9,2% des abeilles d'Europe sont en voie d'extinction et 5,2% d'entre elles en danger critique. On compte environ 2000 espèces d'abeilles en Europe, ce sont donc 200 d'entre elles qui sont menacées, avec toutes les conséquences que leur disparition peut avoir. Et ce n'est que les abeilles, qui sont loin d'être les seules responsables de la pollinisation (j'en parlerai dans un autre article).

C'est donc dans ce contexte qu'ont été organisées ces premières assises nationales sur les insectes pollinisateurs en ville. Les objectifs de ces deux journées de colloque scientifique et une de présentation au grand public étaient de :

- Faire le point sur l'état de santé des insectes pollinisateurs en ville

- Echanger entre acteurs de différents milieux : scientifiques, professionnels, associations, simple riverains ...

- Présenter les pratiques déjà existantes et leurs effets

- Proposer d'éventuelles solutions

Au travers d'une série d'articles, je vais tâcher de vous résumer ces conférences. Parce que mieux comprendre le problème est la première étape pour le résoudre !